ou la vie d'un instituteur catalan au XIXe siècle |
Malgré la loi
Guizot de 1833 obligeant les communes à avoir une
école et un maître, il restait encore dans le
département une cinquantaine de villages
dépourvus d'instituteurs. A présent qu'il est
interdit d'enseignement, c'est vers ces villages que se
tourne Moreu, cherchant à y obtenir, de façon
discrète, une place qui lui permettra de gagner
quelques sous. En mai 1859, il est à Reynès,
où l'inspecteur primaire de Céret est tout
surpris de le trouver. Moreu déverse contre lui et
surtout contre l'inspecteur d'Académie un flot
d'injures. Tout effrayé, l'inspecteur écrit
à son supérieur hiérarchique pour le
mettre en garde : "si ce misérable se
présente quelque jour pour vous parler, qu 'on ne
l'introduise point, sa démarche ne saurait avoir
d'autre but que la réalisation d'un crime horrible
longtemps médité." C'est à la suite de
cet épisode que Moreu est poursuivi et
condamné. Il lui faut donc quitter Reynès.
Nous le perdons de vue jusqu'en 1862, où on le
retrouve à Fullà en tant qu'instituteur
privé. Il doit quitter le village en octobre 1864,
parce qu'on vient d'y nommer un instituteur communal. En
1865, il est sans doute à Villemolaque, puis, sur les
conseils de M. de Lamer, conseiller général du
canton de Prats-de-Mollo il se rend en 1866 à St
Sauveur de Prats-de-Mollo pour y ouvrir une
école. La première
année, tout se passe bien, et chacun paraît
content de ses services. Mais Moreu est
hébergé provisoirement au presbytère,
sous le même toit que le curé du village. Or,
le provisoire dure trop longtemps, et le curé
après avoir vainement fait comprendre à son
hôte que sa présence devient importune,
décide de l'expulser. Aussitôt la colère
de Moreu se déchaîne, et il couvre d'injures la
mère du curé. Ce dernier porte plainte, Moreu
décampe et reprend sa quête, de village en
village. En 1868, ses pas le
ramènent à Trevillach, où il n'y a
qu'une école libre tenue par le curé, qui
vient justement de donner sa démission. Le maire Jean
Sire l'accueille avec plaisir, et, à partir du 15
août, revoilà Joseph Moreu instituteur à
Trévillach.
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