Les proscrits de 1851

Le détail des condamnations
Liste des condamnés

Les listes que vous allez pouvoir consulter datent du 27 février 1852. Elles ont été constituées par une commission mixte, dirigée par le préfet Henri Pougeard-Dulimbert, après les troubles qui avaient suivi le coup d'état du 2 décembre. Peut-être est-il nécessaire de rappeler en quoi consiste ce coup d'état :

Après avoir juré de "rester fidèle à la République démocratique et de défendre la constitution", Louis-Napoléon Bonaparte renie ses engagements. Au matin du 2 décembre 1851, une proclamation du prince-président, affichée dans les rues de Paris, annonce la dissolution de l'Assemblée, le rétablissement du suffrage universel et un plébiscite qui l'autorisera à donner à la France des institutions renouvelées de l'Empire.

Fort d'une tradition républicaine déjà très solide, le département des Pyrénées-Orientales se soulève de façon plus ou moins organisée.

Dès le 3 décembre, des troubles éclatent à Perpignan, Collioure et Elne. Ils sont très vite réprimés par la troupe. Dans la nuit du dimanche 7 décembre, un soulèvement se produit simultanément dans les villages entourant Perpignan, dans la Salanque, à Saint-Génis, Laroque, Estagel etc... A nouveau, l'armée intervient très vite, et la révolte s'éteint en quelques heures. Quelques troubles sporadiques éclatent encore, mais sans jamais prendre des proportions considérables.

Le plébiscite préparant l'empire est organisé le 20 décembre 1851. Savamment orchestré, il donne des résulats sans appel : 25.598 oui contre 3.397 non. Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des empires possibles, mais l'occasion est trop belle de démanteler complètement les rangs républicains, ce à quoi va s'employer le préfet avec un zèle assez effrayant : plus de 1000 personnes sont arrêtées ou poursuivies, jugées de façon sommaire avec les résultats suivants :

  • 57 personnes sont désignées pour être déportées à Cayenne. Selon le préfet, sont compris dans cette catégorie "les incorrigibles, les chefs ou les soldats les plus compromis du complot et des mouvements insurrectionnels, qui sont, d'ailleurs, ou repris de justice ou convaincus de meurtre."
  • 231 condamnés auront droit à la mention Algérie +, autrement dit la déportation en Algérie obligatoire. Ce sont "des hommes aussi dangereux, mais qui n'ont pas été déjà frappés par la justice".
  • 157 personnes auront elles la mention Algérie -. Pour ces condamnés, on estime que, s'ils veulent bien se racheter et faire amende honorable, la déportation n'est pas vraiment nécessaire. En effet, ils ne sont pas "aussi pervertis" que les précédents.
  • 49 individus sont condamnés à l'internement, peine réservée à des subalternes jugés capables de s'amender.
  • 91 personnes seront expulsées de France. Il s'agit de gens qui mériteraient la déportation en Algérie, mais qui "ont quelque fortune qui leur permettra de vivre à l'étranger".
  • 23 accusés sont éloignés temporairement : "ils sont pris dans les chefs socialistes de chaque localité, ambitieux plus ou moins coupables qui, sans se porter de leur personne aux attaques insurrectionnelles, les préparaient et les dirigeaient".
  • 77 sont placés sous surveillance. Ce sont "les individus qui ont paru entraînés et que la commission a jugés susceptibles de revenir, sous l'oeil de l'autorité, à une consuite plus régulière".

La commission se voudra ensuite plus clémente. Les déportations à Cayenne ne toucheront que 10 personnes sur les 57 prévues, les autres étant envoyées en Algérie. Ce sont en tout environ 350 républicains qui se retrouveront en Algérie. Bref, le mouvement républicain est totalement démantelé. Il lui faudra plus de 15 ans pour se reconstituer.

Un site pour tout savoir sur la résistance au coup d'état en France.

 

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