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Le
hameau de Marcevol
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sur l'image pour l'agrandir
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Superficie
et situation géographique
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Bien qu'appartenant au
canton de Sournia, la commune d'Arboussols fait partie du
Conflent, et c'est une terre catalane (contrairement au
Fenouillèdes). Sa superficie totale est de 1405
hectares. Elle regroupe deux villages, puisque la commune de
Marcevol a été rattachée à
Arboussols en 1822. Le territoire part du lac de
Vinça, en plaine, et s'élève vers le
nord jusqu'au pic de Bau (1025 m) et au col de Guès
(821 m), sur un terroir presque exclusivement granitique. De
nombreuses terrasses, pour la plupart à l'abandon,
rappellent que la vigne fut pendant longtemps la principale
culture du village.
Communes limitrophes : Eus,
Campoussy, Tarerach, Vinça, Marquixanes.
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Première
mention historique et origine du nom
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1. Arboussols : la
première mention connue date de 950 (Villa
Arbussolas). On a souvent pensé que ce nom
désignait un lieu où pousse l'arbousier
(catalan arboç), mais le terroir ne semble avoir
aucune prédilection pour cet arbre. Une autre
explication est souhaitable, par exemple un
dérivé du latin arbustus (petit arbre, puis
bosquet), beaucoup mieux adapté, d'autant que le
village primitif devait se trouver à proximité
de l'église Sainte-Eulalie, où les bosquets
abondent. La forme catalane Arboçols est donc
très douteuse, et il est préférable
d'utiliser Arbussols pour nommer le village.
2. Marcevol :
première mention en 1011 (Marceval), reprise en 1088
(Villa Marceval). Ce toponyme étant unique (que ce
soit en France ou en Catalogne), son explication est
malaisée. On a souvent pensé à le
rapprocher de marxívol, un nom de plante qui
désigne en catalan l'ellébore fétide, plante quasiment inexistante dans l'actuel hameau.
Mais c'est faire peu de cas des premières mentions,
qui ne sont pas forcément erronées. Deux
autres explications sont possibles :
- la vallée de
Marcius (Marcius Vallis), mais en catalan on a l'habitude de
mettre le complément après le nom, et on
aurait eu en principe Vallis Marcius.
- un domaine formé
sur un nom de personne d'origine germanique, Marcobald, dans
lequel la racine Mark (= cheval) aurait été
latinisée en Marcio. La racine Bald signifie
"audacieux".
Je préfère
pour ma part la dernière version, mais je pense qu'on
ne saura jamais la vérité. Quant à la
présence d'un accent tonique sur le e,
préconisée par certains puristes, elle ne se
justifierait que si l'on adoptait la première des
trois hypothèses, mais elle ne correspond pas
à la prononciation locale, et elle semble contredite
par de nombreux textes du XVe siècle où le nom
est écrit Marcivolo, ce qui laisse penser que
l'accent tonique était sur le o, et non sur le
i.
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Les
recensements
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2005
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1999
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1990
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1982
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1901
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1836
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101
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97
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79
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81
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202
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225
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Bref
aperçu historique
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1. Arboussols. Peu de
renseignements, mais quelques dates intéressantes. La
première église mentionnée est celle de
Sainte-Eulalie, qui existe encore à quelques
centaines de mètres au-dessus du village. Elle est
citée en 1011 parmi les possessions de l'abbaye de
Cuixà. Quant à l'actuelle église,
dédiée à saint Sauveur, elle est
évoquée en 1142, mais sous la
dénomination de "chapelle" : Bernat d'Arbussols
lègue cette chapelle au prieuré voisin de
Marcevol. On peut donc penser à juste titre que le
village primitif se situait autour de l'église
Sainte-Eulalie, puis qu'il s'est déplacé vers
un site plus facile à défendre (le village
d'Arboussols est construit sur un éperon
rocheux).
Par la suite on ne sait pas
grand-chose, sinon que la seigneurie du village a toujours
appartenu à l'abbaye de Cuixà. Comme pour
beaucoup de communes de moyenne montagne, le maximum de
population se situe en 1836 (225 habitants pour Arboussols
et Marcevol), puis c'est un long déclin, et en 1975
on passe sous la barre des 100 habitants. Le dernier
recensement traduit cependant un regain de croissance (c'est
la seule commune du canton de Sournia dont la population
augmente).
2. Marcevol. Le
hameau existait certainement avant le prieuré,
puisque son église est mentionnée en 1088,
soit 40 ans avant que ne débute la construction du
monastère. La population ne fut jamais très
importante, sauf peut-être au XIIIe siècle, et
dès la fin du XIXe siècle la plupart des
maisons étaient à l'abandon.
L'histoire du hameau est
surtout liée à celle du prieuré. Ce
dernier a été construit au début du
XIIe siècle par les chanoines de l'ordre du
Saint-Sépulcre, dont la maison mère se situait
à Santa-Anna de Barcelona. Après environ deux
siècles de gloire, le déclin du prieuré
commence dans la seconde moitié du XIVe
siècle, et s'accentue au XVe. Après la
dissolution de l'ordre du Saint-Sépulcre, le
bâtiment et ses nombreuses possessions sont
cédés à la communauté
ecclésiastique de Vinça (1484). Sous
l'influence des prêtres de Vinça,
l'église du hameau et celle du prieuré
deviennent un important lieu de pèlerinage, où
l'on se rendait en foule le 3 mai. Après la
Révolution, le prieuré se transforme en
propriété privée, centre d'une
exploitation agricole assez importante. Depuis 1972, il a
été entièrement restauré et
accueille des groupes en séjour. Un projet
muséographique est en cours de
réalisation.
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L'église
paroissiale
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1. Arboussols.
L'église est dédiée à saint
Sauveur. C'est un bâtiment qui a dû être
édifié il y a deux ou trois siècles, en
remplacement de la chapelle mentionnée en
1142.
2. Marcevol.
Dédiée à la Vierge, l'église du
hameau porte le nom de Nostra Senyora de les Grades, sans
doute en raison des 21 marches que l'on doit gravir pour y
accéder. C'est une charmante petite église
romane, possédant une superbe abside semi-circulaire
avec arcs aveugles et lésènes ("bandes
lombardes"). Elle possède sa propre enceinte
fortifiée, datable du XIVe siècle. A
l'intérieur figure un intéressant retable du
début du XVIe siècle, qui semble avoir
été celui de l'église du
prieuré.
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Autres
monuments et lieux à visiter
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Une visite s'impose à
l'église sainte Eulalie, très bel
édifice roman que l'on atteint depuis le village
d'Arboussols, ou encore par Marcevol, en empruntant une
partie du chemin de grande randonnée. C'est un
édifice à une nef, avec une abside
semi-circulaire décorée d'arcatures
aveugles.
Les principaux
éléments décoratifs de l'église
du prieuré sont décrits par ailleurs (voir
liens). C'est un bâtiment à trois nefs, dont le
collatéral nord a été
profondément modifié entre le XVe et le XVIe
siècles. Les autres bâtiments du prieuré
ont été entourés d'une enceinte
fortifiée, que l'on peut dater du XIIIe ou du XIVe
siècle.
En prenant la route qui va
de Marcevol à Vinça, on arrive au lieu-dit
Llussanes, qui sert de limite entre les communes
d'Arboussols et de Tarerach. C'est là que se trouve
le dolmen de la Barraca, de taille imposante (il existe
aussi à quelques dizaines de mètres un autre
dolmen, plus petit et en mauvais état). Dominant le
site de Llussanes, le Roc del Moro est un site
archéologique intéressant, occupé par
l'homme au moins depuis 1200 av. J.C, et sur lequel fut
construit un oppidum.
Une promenade à faire
: depuis le lac de Vinça (là où se
trouvaient autrefois les bains de Nossà), un superbe
sentier conduit jusqu'au prieuré (il fait partie des
"Sentiers d'Emilie") : c'est l'un des chemins qu'on
empruntait autrefois pour accomplir le pèlerinage du
3 mai.
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Les noms
les plus portés au XIXe siècle par ordre
d'importance
Autres
relevés de noms
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Lafont, Macary, Aubert,
Selve, Garrigue, Marty, Baurateu, Coupet, Prohom,
Saletes.
Marcevol 1775 : Julien
Burateu (ou Borateu), Raphaël Burateu, Jacques Coupet,
Jean Coupet, Pierre Coupet, Pierre Fabre, Pierre Lafont,
Bonaventure Macari, Baptiste Saleta.
Arboussols 1497 : Johan
Verdera, Andreu Verdera, Miquel Verdera (la liste est
forcément incomplète).
Marcevol 1282 : Arnau,
Benell, Bo, Calvet, Cornellà, Corbiac, Fabre, Fogars,
Fornols, Franc, Grasc, Grimau, Guit, Juglar, Lucià,
Marti, Ministrell, Pedrole, Pelisser, de Prat, Proense,
Ropidera, Rossell, Taverner.
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Autres
lien sur le site
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Lieux
à visiter : Marcevol.
Plan cadastral de Marcevol (1812)
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Liens
internet
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Site
du prieuré de Marcevol
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Renseignements
complémentaires
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Le miracle de la
farine.
Le succès du
pèlerinage de Marcevol est en grande partie
lié à un miracle qui se serait accompli en des
temps reculés. N'ayons pas peur des anachronismes et
transportons-nous au Ier siècle après J.C. Une
vieille dame, la mère du pape Lin, successeur de
saint Pierre, se rendait à Marcevol sous une pluie
battante. Sur le chemin, elle rencontre un homme qui
transportait des sacs de farine sur sa mule. Plein de
charité chrétienne, l'homme pose à
terre les sacs, puis emmène la dame à dos de
mule jusqu'à Marcevol. Ensuite, il redescend chercher
sa farine et, à sa grande surprise, il
s'aperçoit que les sacs n'ont pas été
touchés par la pluie, et que sa farine est
entièrement sèche.
La mère du pape Lin
serait morte quelque temps après, et on l'aurait
enterrée sous l'autel de l'église de Nostra
Senyora de les Grades, que l'homme à la farine avait
décidé de faire construire aussitôt
après le miracle. Signalons qu'une tradition voudrait
que le pape Lin soit né à Talau, dans les
Garrotxes, très précisément à
Cabrils.
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