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Vue
générale du village
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Superficie
et situation géographique
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Bouleternère est une
commune de 1063 hectares, située à la limite
du massif des Aspres et de la plaine de la Tet. La Tet ne
traverse d'ailleurs pas le village, dont la limite
septentrionale s'arrête un peu avant la
rivière. Par contre, la commune est tout
entière traversée par le Bulès (ou
Boulès). Le village s'est édifié sur
une colline schisteuse, les habitations s'étant
ensuite peu à peu répandues vers la plaine,
qui a cependant conservé une vocation essentiellement
agricole (arboriculture et maraîchage), disposant des
bienfaits du canal de Corbère pour l'irrigation. La
région des Aspres a pour sa part été
presque entièrement désertée au
début du XXe siècle, et seules les terrasses
envahies par le chêne vert et la broussaille
rappellent les cultures des siècles
précédents.
Communes limitrophes :
Ille-sur-Tet, St Michel-de-Llotes, Casefabre, Boule d'Amont,
Rodès.
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Première
mention historique et origine du nom
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Première mention
difficile à définir avec certitude,
Bouleternère et Boule d'Amont portant le même
nom au Xe siècle. En général, c'est la
date de 1008 qui est retenue, avec la graphie Bula
(puis Bulla en 1011). Ce n'est qu'au début du
XIVe siècle qu'apparaît la forme Bula de
Terrenera (1303), et il faut attendre 1632 pour
rencontrer la graphie moderne Bulaternera.
Le nom est donc
composé de Bula (= torrent encaissé,
encore qu'on parle aussi parfois de petite colline) et de
Terranera (= la terre noire), petite colline qui
marque aujourd'hui la limite entre le Roussillon et le
Conflent (le col de Ternère). Pour Bula, voir
aussi Boule
d'Amont.
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Les
recensements
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1999
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1990
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1982
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1901
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1836
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650
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625
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728
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759
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943
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Bref
aperçu historique
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Les lieux étaient
fréquentés dès les temps
préhistoriques, comme l'atteste le dolmen du col de
la Llosa (qui sert de limite aux trois communes de
Bouleternère, Casefabre et Saint-Michel de Llotes).
On notera aussi, sans doute au haut moyen âge, la
construction de deux petites tours appelées les
Castellars, juste à la limite de Saint-Michel de
Llotes, à l'est de la commune.
A l'époque
carolingienne, sans doute à partir du milieu du IXe
siècle, Bouleternère semble avoir appartenu au
Conflent. C'est d'ailleurs pour cela qu'on l'appelait
parfois, au XIIe siècle, Bula de Confluenti.
Ce n'est qu'en 1309 que le village se trouvera
rattaché au Roussillon. Depuis 1303, la seigneurie de
Boule appartenait à Pierre de Fenouillet, dont la
descendance continuera de posséder le village. Il
s'agissait des mêmes seigneurs que ceux d'Ille, qui
s'appelaient au moment de la Révolution les
Medinaceli.
La Révolution marque
une importante étape dans la vie du village, qui
semble se déchirer à cette époque en
deux clans, les républicains patriotes qui
deviendront plus tard les rouges, et les royalistes
favorables à l'invasion espagnole de 1793, qui
deviendront les blancs. Jusqu'à ces dernières
années, les conflits politiques ont toujours
été violents dans le village. Certes, les
rouges étaient plus nombreux, mais les blancs avaient
pour eux la religion, qui se traduit encore ajourd'hui par
un goût du spectaculaire, avec la procession nocturne
du Jeudi saint.
La population a connu des
fluctuations diverses. Le maximum remonte à 1836 (943
habitants). Puis on assiste à un déclin au
début du XXe siècle (lié à
l'abandon des Aspres), suivi d'un nouvel essor dans les
années 1960, avec l'arrivée de nombreuses
familles espagnoles attirées par la
prospérité de l'agriculture locale (culture du
pêcher notamment). Ces dernières années,
la population a de nouveau baissé, mais rien de bien
catastrophique, et on constate même une petite
remontée au dernier recensement.
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L'église
paroissiale
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Il vaudait mieux dire "les
églises". En effet, on a au départ un
château-église, reconnaissaible de loin
à sa tour massive, datant de l'époque romane.
Puis, au XVIIe siècle, l'église moderne s'est
adossée à l'ancien édifice. Elle est
dédiée à saint Sulpice. On y
accède par une beau portail de marbre rose (le marbre
de Bouleternère). A l'intérieur, plusieurs
retables intéressants, le plus spectaculaire
étant sans conteste celui du maître-autel, qui
pourrait avoir été sculpté par
Jean-Jacques Melair, à qui on doit de très
beaux retables à Perpignan et à Rivesaltes
notamment. A noter aussi le très intéressant
retable du Rosaire (fin XVIIe siècle).
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Autres
monuments et lieux à visiter
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Pour la visite du village,
je vous renvoie au petit
texte sur les lieux à
visiter. Le lit du
Bulès avait accueilli autrefois un premier village,
Barbadell, dont il reste aujourd'hui une toute petite
église dédiée à saint Nazaire,
édifice préroman aujourd'hui restauré.
De nombreux chemins et pistes permettent de découvrir
le paysage des Aspres. A noter enfin la petite chapelle
dédiée à sainte Anne (XVe
siècle), près de la route
nationale.
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Les
noms les plus portés en 1841 par ordre
d'importance
Autres
listes de noms
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Mary, Coste, Daniel,
Rustany, Prim, Fine, Guyri, Mestres, Barboteu, Labau,
Riubanys, Falques, Pastor, Taix.
1299-1303 : Amat, Auriol,
Aymerich, Barsalona, Baso, Benoit, Bonfill, Bosch,
Bulès, Canal, Casesnoves, Cavaller, Cortes, Croses,
Dauder, Dedeu, Den Heres, Draper, Fabre, Flanzina, Flaquer,
Fuser, Gayet, Genset, Geraula, Ginoer, Glorianes, Guinard,
Homini Dei, Joan, Joli, Marti, Michel, Moll, Moner, Mora,
Morer, Nobeu, Palau, Pascal, Pastor, Pauques, Pedroni,
Perat, Perich, Plomer, Ponte (de), Puig, Raffini, Reig,
Ricolfi, Riera, Rigarda, Robert, Salamo, Salvetat, Sassa,
Saura, Servent, Steve, Tixador, Torner.
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Autres
liens sur le site
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- Cartes
postales et photos anciennes.
- Lieux
à visiter : Bouleternère.
- Les
ébauchons de pipes.
- Les
chèvres, ces mal-aimées.
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Liens
internet
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- Photos
de Bouleternère
- Bouleternère
vu du ciel
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Renseignements
complémentaires
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Le sergent
Verdaguer et la Commune de Paris
Le 18 mars 1871
éclatait la Commune de Paris, qui allait pour
quelques mois effrayer les uns et remplir les autres
d'espoir : Paris assiégé par les Prussiens
quelque temps auparavant connaissait une nouvelle
révolution, et cette fois-ci le peuple était
bien décidé à en finir avec la
bourgeoisie. Chacun sait dans quel bain de sang Thiers et
les Versaillais feront périr la Commune. Ce que l'on
sait moins, y compris à Bouleternère, c'est
que, sans l'intervention d'un enfant du village, Galdric
Verdaguer, la Commune de Paris n'aurait peut-être
jamais vu le jour.
Né à Boule le
15 septembre 1842, Galdric Verdaguer quitte très
tôt sa famille de modestes tisserands. Il s'engage
à 17 ans, en 1859. Après sept ans
d'armée, il s'installe à Toulon où il
est marié, père de famille et homme
d'équipe à la gare. Quand éclate la
guerre de 1870, il reprend du service et c'est ainsi que, le
matin du 18 mars 1871, sergent dans le 88e bataillon de
marche, il se retrouve à Montmartre où
l'armée a ordre de récupérer les canons
de la garde nationale.
On sait comment, en arrivant
à Montmartre vers cinq heures du matin, les soldats
envoyés par Thiers furent entourés par les
habitants du quartier leur demandant de ne pas tuer leurs
frères et soeurs. Le sergent Verdaguer fut sensible
à ces interventions, d'autant qu'il avait
peut-être reconnu dans la foule qui l'entourait des
voix catalanes, celles de deux femmes originaires de Baho et
de Coustouges (elles avaient nom Bonnard et Dagos, et seront
jugées plus tard par le conseil de guerre pour avoir
participé à "l'affaire du crime de la rue des
Rosiers"). Quoi qu'il en soit, lorsque le
général Lecomte demande à la troupe de
tirer sur des gardes nationaux qui approchaient, le sergent
Verdaguer commande aux soldats de son régiment :
"Arme au pied !"
Ancien soldat d'Afrique,
plus aguerri que son sous-lieutenant, il fut
écouté des soldats, qui mirent leur fusil la
crosse en l'air. Par son initiative, Verdaguer favorisait la
rébellion militaire, qui aboutit quelques heures plus
tard à l'exécution des généraux
Lecomte et Thomas par leurs soldats.
Sous la Commune, Verdaguer
fut chef du 91e bataillon fédéré.
Arrêté le 3 juin, jugé par le
quatrième conseil de guerre, condamné à
mort le 18 novembre 1871 pour l'assassinat des
généraux, il fut fusillé le 22
février 1872 à Satory, à l'âge de
29 ans.
(texte établi
d'après des notes que m'avait communiquées en
1985 Etienne Frénay, alors professeur chargé
du service éducatif des ADPO)
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