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Le
tympan de Cabestany
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Superficie
et situation géographique
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Cabestany est une commune de
1042 hectares, située dans la plaine
côtière du Roussillon, juste au sud-est de
Perpignan, à proximité de l'étang de
Canet. Son territoire s'étend entre les fleuves de la
Tet et du Reart. Il s'agit pour l'ensemble d'une ancienne
zone marécageuse, occupée autrefois par des
étangs aujourd'hui asséchés. Le
territoire agricole, esentiellement consacré à
la vigne, s'est considérablement
rétréci depuis une trentaine d'années
avec l'extension des zones pavillonnaires.
Communes limitrophes :
Perpignan, Canet, Saint-Nazaire, Saleilles.
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Première
mention historique et origine du nom
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Première mention en
927 sous la forme Cabestagnium, déjà
proche du nom actuel. On trouve surtout par la suite
Caput Stagnum, qui explique clairement
l'étymologie du toponyme. Après divers avatars
(Cabestan, Cabestayn, Capestany), la forme actuelle
s'impose au XVIIe siècle.
Aucun problème pour
l'étymologie : le nom signifie
"l'extrémité de l'étang". Il ne s'agit
pas de l'étang tout proche de Canet, mais
plutôt d'un petit étang aujourd'hui disparu,
appelé au Moyen Âge Estany anguiler
(l'étang des anguilles). Le village s'est bâti
sur une butte dominant cet étang.
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Les
recensements
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2005
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1999
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1990
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1982
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1901
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1836
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8230
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8410
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7513
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6221
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1497
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500
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Bref
aperçu historique
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Ce qui frappe dans
Cabestany, avant toute chose, c'est son évolution
démographique. Le chiffre de 1836 (500 habitants) est
en effet ridicule si on le compare à ceux des plus
récents recensements (8230 habitants en 2005). Que
s'est-il passé entre temps ? D'abord une assez forte
poussée démographique tout au long du XIXe
siècle, puisque la population a triplé entre
1836 et 1901. Puis, après la première guerre,
une assez forte régression : 1030 habitants en 1926,
964 en 1936, chiffre confirmé après la seconde
guerre mondiale (949 habitants en 1946). Par la suite, on
assiste à une très légère
progression, jusqu'aux années 70, où les
chiffres s'envolent : alors qu'il n'y avait que 1346
habitants en 1968, on en trouve 4343 en 1975, les chiffres
suivants se trouvant dans le tableau ci-dessus. Evidemment,
les principales causes de cet essor sont la proximité
de Perpignan et le lotissement de nombreux terrains, qui ont
permis la construction de centaines de maisons
particulières. On peut évidemment
considérer Cabestany comme une cité-dortoir,
ce qui est en partie vrai, mais il convient de mettre aussi
en avant une politique municipale intelligente, qui a su
donner une âme à cette petite ville, une
identité qui manque parfois à d'autres
communes du même type.
Mais revenons en
arrière : évoqué dans les textes
à partir du Xe siècle, le territoire de
Cabestany semble avoir été d'abord
occupé par plusieurs alleux, mais
l'évêché d'Elne y possédait aussi
des biens importants. Au XIIe siècle, apparaît
la famille de Cabestany : Arnau est le seigneur du
territoire, puis son fils Guillem, célèbre
troubadour et héros malheureux d'une histoire
légendaire, lui succède en 1174. A partir du
XIIIe siècle, la seigneurie de Cabestany passe aux
mains des hospitaliers de Bajoles (ordre religieux issu de
la conquête de la Terre sainte), qui y fondent un
prieuré et conserveront leur mainmise sur Cabestany
jusqu'à la Révolution.
Si l'on revient encore plus
en arrière, il convient de préciser que des
fouilles ont mis en évidence une occupation
préhistorique ainsi qu'une forte implantation
à l'époque romaine (du IIe siècle avant
J-C au Ve siècle).
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L'église
paroissiale
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Elle est
dédiée à la Vierge. C'est un
édifice à nef unique avec abside
semi-circulaire, construit aux XIe et XIIe siècles,
dont la voûte a été refaite à la
fin du Moyen Âge, époque où l'on a aussi
ajouté deux chapelles latérales d'architecture
gothique. Au XXe siècle, un nouvel agrandissement a
permis d'extraire d'une porte méridionale un superbe
tympan de marbre blanc sculpté, oeuvre du
Maître de Cabestany, artiste anonyme du XIIe
siècle, à qui on doit aussi la frise du
portail de l'église du Boulou.
Le tympan représente la résurrection du
Christ, l'incrédulité de saint Thomas et
l'Assomption de la Vierge, le tout présidé par
un Christ bénissant. C'est évidemment la
principale richesse de l'église, où l'on
trouve aussi un bénitier du XVIe siècle,
plusieurs statues et diverses toiles du XVIIIe
siècle, certaines signées par Rieudemont.
À noter un curieux dragon sur un chapiteau au sommet
du choeur, qui devrait être en fait un lion
ailé, à la facture maladroite, symbole de
l'évangéliste Marc.
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Autres
monuments et lieux à visiter
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Cabestany est une ville qui
a tellement grandi qu'on a parfois du mal à s'y
repérer. L'un des principaux lieux d'animation est
son beau centre culturel, très
fréquenté par la population locale et
où les manifestations sont nombreuses. Entre le
centre culturel et le coeur de la ville, se trouve un petit
parc où une ancienne cave viticole abrite depuis peu
un Centre de sculpture romane, musée conçu
autour de l'oeuvre du maître de Cabestany et contenant
de nombreux moulages. À noter aussi la très
jolie maison qui abrite la mairie.
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Le Centre
culturel
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La
mairie
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Les
noms les plus portés en 1841 par ordre
d'importance
Autres
listes de noms
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Bataille, Sagui, Gitareu,
Pons, Pastor, Vidal, Badie, Fraiche, Sabardeill, Beille,
Delamon, Monsarrat, Noeill.
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Autres
liens sur le site
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- Cartes
postales anciennes : deux cartes de
Cabestany.
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Liens
internet
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- Le
site de la commune
- Le
maître de
Cabestany : texte
intéressant, et photos du tympan de Cabestany,
ainsi que du sarcophage de Saint-Hilaire (Aude),
attribué au même auteur.
- 12
ans de relevés météo à
Cabestany.
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Renseignements
complémentaires
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L'horrible
légende de Guillem de Cabestany
Le récit qui suit
s'est répandu dans toute l'Europe
médiévale. Quelle est son origine ? Je n'en
sais absolument rien pour ma part. Toujours est-il qu'on en
retrouve l'essentiel dans le célèbre
Décameron de Boccace. Dans sa version catalane, c'est
le troubadour Guillem de Cabestany qui en est le
héros malheureux.
Guillem de Cabestany aurait
été élevé en qualité de
page au château de Ramon de Castell-Rosselló,
non loin du château de Cabestany. Devenu écuyer
de la châtelaine, dame Saurimonde, il séduit
celle-ci par son charme et ses talents poétiques. Il
compose d'ailleurs pour elle des chansons, dont le contenu
met la puce à l'oreille de Ramon, le mari
trompé. Ce dernier, lors d'une partie de chasse,
demande à Guillem quel est le nom de la belle qu'il
honore ainsi, et le jeune chevalier répond par un
mensonge : ce serait Agnès, la soeur de Saurimonde,
épouse de Robert de Tarascon. Mise au courant de ce
mensonge, Agnès fait tout pour que Ramon ne se doute
de rien. Elle en fait même un peu trop, si bien que
Saurimonde, jalouse, demande à Guillem de composer
pour elle une nouvelle chanson où il devra
déclarer qu'il n'aime et n'a jamais aimé
qu'elle. Guillem exécute cet ordre, qui signe son
arrêt de mort.
N'ayant plus maintenant
aucun doute, Ramon emmène Guillem loin du
château, le poignarde, lui coupe la tête et lui
arrache le coeur. A son retour, il remet le coeur à
son cuisinier, lui ordonne de l'accommoder en venaison, puis
le fait servir à sa femme. Cette dernière
déclare qu'elle n'a jamais mangé de mets plus
délicat. Alors Ramon lui présente la
tête sanglante de Guillem, et lui explique la nature
de ce qu'elle vient de manger.
Désespérée, Saurimonde se
précipite vers une fenêtre et se jette dans le
vide.
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