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Vue
générale du village de
Camélas
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Superficie
et situation géographique
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La commune de Camélas
présente un terroir composé de deux
entités géographiques bien distinctes : au
nord un secteur de la plaine roussillonnaise, au sud les
Aspres, reliefs de piémont du Canigou, à la
charnière du Vallespir, du Conflent et du Roussillon.
Son territoire de 1239 hectares s'allonge du sud au nord et
comporte trois localités : Camélas, Polig et
Vallcrosa (francisé en Bellecroze), sans compter une
bonne vingtaine de mas, surtout situés en
plaine.
Le territoire est presque
entièrement schisteux, ce qui n'empêche pas
certaines émergences calcaires, dont la Roca de Sant
Martí (518 mètres), avec son ermitage. Dans
les Aspres, l'espace agricole a aujourd'hui presque
totalement disparu, les feixes autrefois plantées en
vignes et en oliviers ayant laissé la place à
un maquis touffu d'où émergent les pans de
murs de mas ruinés.
Les exploitations agricoles
se localisent aujourd'hui au nord de la commune, donc en
plaine, favorisées par le canal de Thuir qui traverse
Camélas et a permis le développement de
cultures fruitières, qui se sont ajoutées
à la vigne elle aussi très présente
dans le secteur.
Communes limitrophes :
Caixas, Corbère-les-Cabanes, Corbère, Millas,
Saint-Feliu d'Avall, Castelnou.
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Première
mention historique et origine du nom
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Première mention en
878 sous la forme Cameles qui n'a guère varié
par la suite : elle alterne simplement au fil des
siècles avec Camelas. Le toponyme a suscité de
nombreuses interprétations souvent bien fantaisistes
: plutôt que d'évoquer le chameau et ses deux
bosses, il semble préférable de retenir la
racine préromane cam, variante de calm, avec le sens
de plateau ou sommet aride, à la maigre
végétation. On a aussi envisagé un nom
de personne latin, Camelus. Autrement dit, le
problème n'est pas vraiment résolu.
Polig (première
mention en 982 sous la forme Pulig) semble renvoyer au nom
d'homme latin Paulitius (diminutif de Paulus).
Enfin Vallcrosa (Vallis
Crosa, 974) est un composé de vallis (=
vallée) et crosa (= creux), que l'on peut
interpréter comme "la vallée
profonde".
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Les
recensements
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1999
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1990
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1982
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1901
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1836
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401
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323
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308
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454
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573
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Bref
aperçu historique
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Nous avons plusieurs indices
d'une occupation préhistorique du territoire : deux
avens utilisés par l'homme du néolitihique,
deux dolmens et vraisemblablement l'emplacement d'une
nécropole de la fin de l'âge du bronze. Les
deux avens (sur le versant nord-est de Sant Martí)
ont permis de mettre à jour des billes de calcaire,
des fragments de poteries, des ossements humains et animaux
ainsi qu'un éclat retouché de silex blond. Les
deux dolmens, hélas ruinés, se situent
à la Caixeta (près de la grotte de Montou) et
vers Vallcrosa. Enfin, au lieu-dit Reixach, près du
mas de Belavista, Pierre Ponsich avait découvert dans
une vigne défoncée des tessons de poterie
(notamment une urne cinéraire) datables du VIIIe
siècle avant J.C, indices d'une éventuelle
nécropole.
Vers l'an Mil, l'actuelle
commune est occupée par quatre agglomérations
relativement groupées : au nord Rellà, ou le
Pla de Rellà, avec une église
dédiée à sainte Cécile ;
à proximité de la plaine, Vallcrosa, qui
possède aussi une église vouée à
saint Michel ; plus au sud Polig, hameau qui semble ne
jamais avoir eu sa propre église ; enfin le village
de Camélas et son église Saint-Fructueux. A
quoi il faut ajouter les mas de montagne, regroupés
dans une paroisse du nom de Querubí (ou
Cubrí), dont l'église a pu être
l'actuelle chapelle de Sant-Martí de la Roca. Nous ne
nous intéresserons ici qu'au village de
Camélas.
Cité dès 878,
il possédait avant l'an Mil son église et son
château, mentionné en 941 comme appartenant
à un certain Ansemond, dont la
généalogie pourrait remonter à Charles
Martel. On pense que ce château, dont il reste
quelques maigres vestiges, a été
abandonné au moment de la construction de celui de
Castelnou. Le village fut sans doute fortifié, il
conserve en tout cas une belle tour en tronc de pyramide.
L'histoire de la seigneurie de Camélas est exactement
la même que celle de Castelnou.
La période révolutionnaire semble avoir
été assez troublée, avec une
émigration assez importante et l'assassinat du maire
François Massota en 1799. Le XIXe siècle est
plus calme, malgré la présence d'un
instituteur
turbulent dans les
années 1850.
L'essor démographique
est important jusque vers 1850 (maximum : 607 habitants en
1856). L'exode rural commence peu après (487
habitants en 1881), mais la population reste longtemps
stable entre 400 et 500 habitants. En 1946 on est descendu
à 305 habitants, le score le plus bas datant de 1975
(268 habitants). Depuis, on assiste à une sensible
remontée, due à de nombreuses constructions en
plaine.
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L'église
paroissiale
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C'est un édifice
absolument remarquable par son mobilier : il faut notamment
citer les deux retables gothiques de sainte Agnès et
saint Nicolas (fin XIVe-début XVe), qui entourent le
retable du maître-autel. Ce dernier fut construit par
Lazare Tremulles en 1644-1645 et est bien sûr
dédié à saint Fructueux, patron de la
paroisse, dont voici la la légende en quelques lignes
:
Fructueux (Fruitós en
catalan) était évêque de Tarragona. Il
fut associé dans son martyre et dans sa
vénération à ses deux diacres, Augure
et Euloge, dont les statues entourent le saint au retable de
Camélas. La mort des trois personnages se situerait
en 259, sous le règne de Valérien et de
Gallien. Arrêtés le dimanche 16 janvier, ils
furent condamnés aux flammes le vendredi 21,
après avoir refusé solennellement d'adorer les
dieux romains. La légende veut que les flammes les
aient d'abord épargnés, se contentant de
consumer leurs liens. Ils étendirent alors les bras
pour prier, et rendirent l'âme avant que le feu ait eu
le temps d'endommager leur corps. Aussitôt
après leur mort, deux domestiques virent les trois
hommes monter au Ciel dans une gloire.
Autres retables remarquables
: ceux du Rosaire (1715) et de l'Immaculée Conception
1644). Le trésor de l'église abrite une belle
Vierge romane (XIIe siècle) et la capelleta de
l'ermite de Sant-Martí de la Roca.
Si l'intérieur est
somptueux, il ne faut pas négliger l'extérieur
: isolée derrière une muraille à
vocation défensive, l'église était au
départ un édifice à trois nefs, avec
abside rectangulaire vraisemblablement préromane.
Profondément transformée au XIVe
siècle, puis au XVIIIe, elle conserve une belle porte
à ferrures ornementales (et défensives), et un
portail de marbre dont le tympan s'orne d'une croix latine
dans un cercle. A noter aussi de curieux graffiti sur les
piédroits du portail.
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Autres
monuments et lieux à visiter
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Après avoir
visité le village (dont le site charmant est parfois
gâché par quelques fâcheuses
constructions, y compris dans le périmètre
protégé de l'église), il faut
s'arrêter au petit musée de Roger Rigall ("la
Maison du Passé"). Ensuite on montera à
l'ermitage de Sant-Martí (balade à faire de
préférence le matin, quand il ne fait pas
encore trop chaud), d'où l'on découvre un
superbe panorama du Roussillon.
La chapelle est citée
pour la première fois en 1259, mais elle paraît
bien antérieure à cette date (sans doute XIe
siècle, à en croire l'abside à
arcatures aveugles séparées par des bandes
verticales, caractéristiques du premier art roman).
Tombé en désuétude à la fin du
moyen âge, l'édifice reprit vie au XVIIe
siècle grâce à l'abbé Honorat
Ciuro, qui décida de s'y installer après
l'avoir fait restaurer.
Bien entendu, un arrêt
dans les hameaux de Polig et de Vallcrosa (habité
notamment par l'écrivain André Stil) s'impose,
et si vous allez au Mas del Pull, vous y rencontrerez
peut-être Adrienne Cazeilles, qui lutte depuis des
décennies pour la protection du massif des Aspres,
dont elle est devenue une figure
légendaire.
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Les noms
les plus portés en 1841 par ordre
d'importance
Autres
listes de noms
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Brial, Payré, Grau,
Pairé, Olivé, Cabany, Cazenove, Comes, Galbe,
Parent, Cazelles, Falieu, Torrès, Clotes,
Capdellaire, Ciuro.
1276 : Pere Cifre, Guillem
Curubi, Francesc den Germà, Bernat Fabre, Berenger
Ferriol, Pere Garolt, Joan Gotmar, Guillem, Ferrer Jaume,
Ferrer Massot, Guillem Massot, Pere et Jaume de Pochs,
Bernat et Pere Roig, Guillerma, veuve de Guillem Roig,
Ferrer Sastre, Guillem Sebilda.
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Autres
liens sur le site
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La
triste vie de Joseph Moreu, instituteur au XIXe
siècle.
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Liens
internet
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Renseignements
complémentaires
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L'incendie de
juillet 1976
La végétation
des Aspres, lors des étés secs et venteux, est
évidemment très favorable à
l'éclosion et au développement des incendies.
J-J. Amigo (Contribution à l'étude des feux de
forêt, revue Conflent, 1978) a décompté,
pour la seule période du 1er octobre 1972 au 30
septembre 1973, vint-huit feux de landes, broussailles,
forêts, et pense que tous les ans 15 % du territoire
des Aspres sont susceptibles de brûler. Il a surtout
analysé et reconstitué l'historique du grand
feu de 1976, dont chacun a conservé le
souvenir.
Ce feu est survenu
après trois années consécutives de
sécheresse, qui suivaient une décade humide
ayant favorisé le développement des
fourrés du maquis et des sous-bois. Le sinistre a
éclaté à 12 h 15, le 28 juillet 1976,
dans le dépôt d'ordures de la commune de
Corbère-les-Cabanes. Poussé par la tramontane,
il s'est rapidement développé sur la colline
de Montou et propagé à la vitesse moyenne de 1
km/h. Une heure après son départ, il a atteint
le hameau de Vallcrosa et, progressant par bonds de 100
à 200 mètres, il s'est dirigé vers
Polig, qui a été évacué. Il lui
a suffi de deux heures de temps pour gagner le col de la
Roca où il s'est partagé, enserrant la
montagne de Sant-Martí. En fin d'après-midi,
il atteignait le mas del Pull, dont une partie de la toiture
a brûlé. Puis, sautant la route, il poursuivra
sa course dévastatrice vers Castelnou, Caixas et
Montauriol. Au terme de la catastrophe, le 31 juillet
à 2 heures, la surface incendiée couvrira 7345
ha pour 14 communes. Camélas fait partie des communes
les plus touchées, avec 721 ha brûlés
pour une surface cadastrée de 1239 ha, soit 58,19 %
de son territoire.
Un tel désastre avait
en son temps suscité une profonde émotion,
amplifiée par les media et les polémiques
habituelles sur les responsabilités. Pourtant il y
avait eu deux précédents, les grands feux se
renouvelant sur les secteurs sensibles tous les 10 ou 15 ans
: les Aspres avaient brûlé en 1949 et en 1966,
ce dernier sinistre ayant eu aussi pour origine le
dépôt d'ordures ménagères de
Corbère. Depuis, cette région est l'objet d'un
S.I.P (secteur d'intervention prioritaire), et une politique
de prévention a été entreprise : un
poste de guet a été placé au mont
Helène, de larges secteurs dans les zones
sinistrées ont été reboisés, des
pistes nouvelles ouvertes pour faciliter l'accès des
équipes d'intervention, et de nouveaux points d'eau
créés. Il reste à souhaiter que ces
efforts se poursuivent, car les résultats obtenus
sont encourageants.
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