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Estagel,
depuis la route du col de la Dona
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Superficie
et situation géographique

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Statue de
François Arago
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Estagel est une commune de
2083 hectares, qui s'étend à la limite des
Corbières et du Fenouillèdes. Venu de
Latour-de-France, l'Agly traverse la commune d'ouest en est
; juste avant de longer l'agglomération au nord, il
reçoit les eaux de la rivière de Maury, qui,
en temps de crue, peuvent se révéler
désastreuses, on en veut pour preuve les terribles
inondations de l'automne 1999 (encore qu'en l'occurrence le
principal responsable soit un torrent venu du sud et
traversant le village). Par contre, en période de
sécheresse, les eaux de l'Agly deviennent si
tranquilles qu'elles disparaissent avant de refaire surface
beaucoup plus en aval, ceci étant dû à
un phénomène karstique assez étonnant.
Même l'apport du Verdouble, venu de Tautavel, ne peut
suffire à remplir le lit du fleuve.
La roche dominante est le
calcaire, que l'on trouve au nord sur un territoire assez
accidenté, avec le Mont d'Estagel, le
Cimetière des Maures et la Serra de la Gironella. On
retrouve le calcaire à l'est, sur le terres
dénudées des Comelles dels Barrencs et du
Serrat d'en Bogader. Ces accidents du relief sont peu
propices à la culture de la vigne, qui s'est surtout
développée à l'ouest et au sud, vers
Latour-de-France et Montner, où le calcaire laisse la
place aux terres alluviales et au schiste.
L'habitat est groupé,
mais le territoire de la commune comporte un certain nombre
de mas, dont le plus connu est bien sûr le mas de Jau
(devenu château pour des raisons commerciales), au
nord-est, sur la rive gauche de l'Agly.
Communes limitrophes :
Tautavel, Maury, Latour-de-France, Montner, Calce, Cases de
Pène.
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Première
mention historique et origine du nom
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Première mention en
959 (950 ?), sous la forme villa Stagello, puis Estagellum
en 978. L'étymologie semble renvoyer au latin, avec
le mot statio (= station, lieu de séjour) suivi du
suffixe -ellum. Le terme *estatiellum a pu désigner
un relais, une auberge sur la route du Roussillon au
Fenouillèdes. Autre hypothèse, le latin
staticum = demeure.
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Les
recensements
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1999
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1990
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1982
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1901
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1836
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1937
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2043
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2038
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2789
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2141
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Bref
aperçu historique
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Nous ne sommes pas loin de
Tautavel, autant dire que l'homme préhistorique
connaissait le territoire d'Estagel. D'ailleurs, dans la
Cova del Molí de Vent, près de la gare, on a
découvert un intéressant gisement du
Paléolithique supérieur (silex et aiguilles
d'os notamment), ainsi qu'un ossuaire du Chalcolithique avec
des céramiques.
Le village est
documenté au milieu du Xe siècle,
époque où il dépendait
déjà de l'abbaye de Lagrasse, qui en
conservera la seigneurie jusqu'à la
Révolution. Le royaume de Majorque avait
également des droits assez importants sur le
territoire, qui seront ensuite transmis au vicomte de
Perellós. A la fin de l'Ancien Régime, ces
droits étaient détenus par le marquis de
Blanes, seigneur de Millas.
Il faut aussi mentionner,
sur le territoire de la commune, un ancien alleu
appelé Cavanac, devenu propriété
religieuse au Xe siècle. Au XIVe siècle, ce
domaine appartenait à l'abbaye cistercienne du col de
Jau, fondée en 1162, ce qui explique que, par la
suite, le lieu se soit appelé, non sans une certaine
emphase, la baronnie de Jau, aujourd'hui château de
Jau.
Estagel joue pendant la
Révolution un rôle non négligeable aux
côtés des républicains. C'est
peut-être de là qu'est né un farouche
attachement à la démocratie, symbolisé
par François Arago et sa famille, mais qui va bien
au-delà de ce personnage. Estagel est à la
tête de tous les combats républicains du XIXe
siècle, par exemple celui qui tente de s'opposer au
coup d'état du 2 décembre 1851, qui
entraînera de nombreuses condamnations. En 1870,
lorsque le Second Empire vacille et tente par un
plébiscite de redorer son blason, si le
département lui accorde une majorité de oui
(24. 888 contre 14.290 non), il n'en va pas de même
pour Estagel, où le vote non recueille 660 voix,
contre 97 oui. Depuis, Estagel est resté un village
"rouge", continuant contre vents et marées à
accorder ses suffrages aux candidats jugés les plus
à gauche.
La population
médiévale d'Estagel était
déjà assez importante : 121 feux en 1365, soit
au moins 500 habitants. Le premier recensement "moderne", en
1799, fait état de 1406 habitants. Tout au long du
XIXe siècle, la population ne cesse de croître,
atteignant en 1881 un record de 2979 habitants. Le XXe
siècle, par contre, se traduit par une lente
érosion, avec ces dernières années une
stabilisation autour des 2000 habitants.
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L'église
paroissiale
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Elle est
dédiée conjointement à saint Etienne et
à saint Vincent (saint Vincent ayant
été rajouté pour honorer le souvenir
d'une autre église, devenue chapelle, située
à proximité du village). Il s'agit d'un
monument du XVIIe siècle, érigé en lieu
et place d'une église romane, dont il reste quelques
vestiges. Le mobilier ne comprend rien d'exceptionnel, mais
l'ensemble des divers retables mérite quand
même le détour (fin XVIIe- XVIIIe
siècle). A noter la présence d'un Christ du
XVIe siècle, et une statue de sainte Anne qui
pourrait remonter au XVe siècle. Le clocher, de style
baroque espagnol (1713), est peut-être
l'élément le plus intéressant de
l'édifice.
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Autres
monuments et lieux à visiter
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Estagel est un village
vivant, qui multiplie les animations : le Festival du mois
d'août s'efforce de s'étendre sur une
période plus longue. On pourra, en ville, s'attarder
sur les restes de fortifications, et notamment sur la porte
de la tour de l'Horloge. La statue d'Arago est assez
récente, puisqu'elle date de 1958 (la
précédente statue avait été
fondue par les Allemands). La mairie possède un buste
d'Arago dû à David d'Angers.
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Porte de
l'horloge
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Vieille rue
dans le "fort"
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Parmi les buts de promenade,
il faut noter la chapelle Saint-Vincent (XVIe-XVIIe
siècles), avec une aire de pique-nique. Divers
chemins dans la garrigue permettent de découvrir un
patrimoine trop souvent méconnu : les constructions
en pierre sèche, notamment de nombreuses cabanes
datant pour la plupart du XIXe siècle. A
l'extrémité nord-est de la commune, le domaine
de Jau est voué d'une part à la production et
à la vente du vin, de l'autre à l'animation
culturelle, la Fondation de Jau proposant des expositions de
peintures et de sculptures.
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Les noms
les plus portés en 1841 par ordre
d'importance
Autres
listes de noms
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Torreilles, Andrillo, Marot,
Fabre, Forner, Garrigue, Pratx, Averos, Vigo, Lloubes,
Bergue, Deloncle, Izart, Maury.
1497 : Agulló,
Andreu, Aragonès (lo), Avenbrat, Aymerich, Balle,
Benet, Bisba, Bonet, Burguèsa, Canera, Carles,
Coronat, Duran, Fabre, Fabressa, Fanet, Ferrer, Forner,
Gavir, Gontrer, Jermana, Jornet, Lunós,
Magranyà, Martinet, Menbrat, Mertell, Monrich,
Pagana, Pagès, Pallicer, Prats, Puiol, Ramona,
Raynaut, Reynaut, Reynart, Riaroll, Simon, Stheva, de
Tautahull, Troter, Vernet, Veya, Vidal.
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Autres
liens sur le site
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- Anarchistes
en Roussillon en 1894.
- Cartes
postales anciennes : de Millas à
Estagel
- Cartes
postales anciennes : Estagel
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Liens
internet
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- Le
collège d'Estagel
- Les
sapeurs-pompiers d'Estagel
- Estagel
vu du ciel
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Renseignements
complémentaires
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François
Arago, enfant d'Estagel
Il était difficile de
parler d'Estagel sans évoquer celui qui fut une
figure marquante de la science et de la politique au XIXe
siècle. Issu d'une famille originaire de Tautavel,
François Arago est né à Estagel en
1786. Il est admis à l'Ecole polytechnique à
l'âge de dix-sept ans. Secrétaire au Bureau des
longitudes, il aide Biot à achever la mesure de l'arc
du méridien terrestre (1806), travail qu'il continue
ensuite tout seul. Il est ensuite reçu comme membre
titulaire de l'Académie des sciences, alors qu'il n'a
que vingt-trois ans. Il restera pendant vingt ans professeur
d'analyse et de géodésie à l'Ecole
polytechnique, devenant également directeur de
l'Observatoire.
En physique, ses travaux
concernent des domaines variés : en optique, il
adopte et propage la théorie ondulatoire. Il mesure
avec Biot l'indice de réfraction de l'air et de
plusieurs autres gaz. En 1811, il découvre le
phénomène de polarisation rotatoire dans les
cristaux de quartz. On lui doit l'explication de la
scintillation des étoiles ; il détermine avec
exactitude le diamètre des planètes. En 1840,
il découvre la chromosphère solaire. Il
s'occupe également de statique des fluides. Entre
autres découvertes, il faut aussi noter, en 1820,
celle de l'aimantation du fer placé au voisinage d'un
courant électrique, et en 1824 celle du
phénomène qu'il nomme magnétisme de
rotation (dont l'explication sera donnée bien plus
tard par Foucault).
Parallèlement
à ses activités de physicien, Arago s'engage
dans le combat politique, défendant les idées
républicaines sous la Monarchie de Juillet. Il est
à plusieurs reprises député des
Pyrénées-Orientales, et siège à
l'Assemblée sur les bancs de l'extrême-gauche
(beaucoup plus modérée que ne le laisse
supposer l'appellation). Il participe en 1846 à la
fondation du journal l'Indépendant. Quand
éclate la révolution de février 1848,
il fait aussitôt partie du gouvernement provisoire.
Chargé de diriger les ministères de la Marine
et de la Guerre, il accepte l'abolition de l'esclavage dans
les colonies françaises. Lorsque le mouvement
populaire se radicalise, il prend ses distances
vis-à-vis de celui-ci. A nouveau élu
député par la suite, il refuse de prêter
serment à l'Empire (mais, vu sa
notoriété, on le dispensa de serment). Il
s'éteint à Paris en 1853.
D'autres membres de sa
famille se sont illustrés à des titres divers,
et d'abord ses trois frères : Jean fut un
général français au service du Mexique,
où il prit part à la guerre
d'indépendance ; Jacques fut un romancier-voyageur,
qui eut à son époque une certaine
notoriété ; Etienne, enfin, écrivain et
homme politique, prit en quelque sorte le relais de son
illustre aîné. Il fut maire de Paris en 1870.
Un dernier mot enfin pour Emmanuel Arago, fils de
François, qui fut membre du gouvernement de la
Défense nationale après le 4 septembre 1870
comme ministre de la Justice, sénateur des
Pyrénées-Orientales et ambassadeur à
Berne.
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