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Le
château de Nyer
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Superficie
et situation géographique
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Nyer est une vaste commune
de 3700 hectares située en Conflent, sur la rive
droite de la Tet. On accède au village depuis la
N.113 par une route située juste en amont d'Olette.
Mais la commune comprend aussi une partie des bains de
Thuès, ainsi que les hameaux d'En (rattaché
à Nyer en 1822) et de Porcinyans. La Tet lui sert de
limite au nord, avec le défilé des Graus de
Canaveilles. La commune est limitée à l'ouest
par la Carança. Elle se développe vers le sud
jusqu'au pic de Serra Gallinera (2663 m.), pas très
loin de la frontière espagnole. A l'est, elle est
traversée par la rivière de Mantet (avec les
gorges de Nyer). A noter, toujours à l'est,
près d'Escaro, les anciennes mines de fer des Escoms,
exploitées jusqu'en 1962.
Communes limitrophes : Py
(et Sahorre pour quelques mètres), Mantet,
Fontpédrouse, Thuès-entre-Valls, Canaveilles,
Souanyas.
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Première
mention historique et origine du nom
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La première mention
remonterait selon Pierre Ponsich à l'an 678 environ,
sous la forme Angerra (Valle Angerra). En 846
on trouve la forme Valle Engarra, puis Agnerra
en 871, Anyerro en 950, et ensuite Agner, Angers,
Anyer. La forme Nyer se rencontre apparemment
pour la première fois en 1359, mais elle ne devient
courante dans les textes qu'au XVIIe
siècle.
Cette grande
variété de formes montre que l'origine du nom
n'est pas facile à élucider. On pense
généralement à un toponyme
préroman, basque disent certains. L'explication la
plus séduisante est celle de Joan Coromines, qui
pense à un nom composé des racines
angio = pâturage et erri = village. Mais
il ne s'agit que d'une hypothèse. On peut aussi
envisager, comme le fait Lluis Basseda, un toponyme
formé sur un nom de personne germanique qui serait
Anguerrann. Pour l'instant, il faut bien l'avouer, le
nom conserve son mystère.
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Les
recensements
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2005
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1999
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1990
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1982
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1901
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1836
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182
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108
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132
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140
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328
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463
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Bref
aperçu historique
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Commençons par En,
car c'est là, à la limite avec Canaveilles,
que se trouvait au IXe siècle le monastère de
Saint André d'Eixalada, fondé en 840. A la
suite d'une terrible crue qui eut lieu en 878, les moines
abandonnèrent les lieux et se
réfugièrent à Cuixà, fondant
ensuite l'abbaye que chacun connaît. Le village d'En
ne fut jamais très peuplé. Il fut d'abord
propriété de Saint-Martin du Canigou, puis par
Saint-Michel de Cuixà, qui en conserva la seigneurie
jusqu'à la Révolution.
Quant à Nyer, Pierre
Ponsich pense qu'au VIIe siècle l'ensemble de la
vallée formait un pagus, petit territoire
indépendant du reste du Conflent. Après
plusieurs changements, la seigneurie de Nyer, située
d'abord dans le domaine royal, se retrouve aux mains de la
famille de Banyuls, qui la conservera jusqu'à la
Révolution.
Venus de Banyuls-des-Aspres,
les Banyuls étaient des seigneurs turbulents (voir
plus bas), qui résidaient au village. Vers la fin du
XVe siècle ils y avaient construit l'actuel
château de Nyer, en remplacement de la vieille
forteresse de la Roca, dont l'abandon remonte sans doute
à cette époque. Ils disposaient sur le
territoire de la commune d'une propriété
foncière importante, incluant notamment les mines de
fer. Après la Révolution, la plupart des biens
des Banyuls passent à un certain Roger, de Prades,
puis en 1839 aux frères Escanyé, qui
poursuivent l'exploitation du fer. Les Escanyé sont
à l'origine de la construction du canal de Nyer,
à partir de 1851. En 1854, alors que le canal n'est
pas encore achevé, ils vendent l'ensemble de leurs
biens (dont 2500 hectares de terres !) à Hippolyte
Dussard, qui les exploitera jusqu'en 1883, non sans avoir
connu bien des tracas judiciaires à cause de ce
fameux (et superbe) canal. Par la suite, l'exploitation du
fer a continué jusqu'au milieu du XXe
siècle.
La population n'a jamais
été très importante. Le maximum est
atteint en 1836 avec 463 habitants. Puis c'est l'exode et le
déclin, et aujourd'hui on ne compte plus que 108
habitants à Nyer.
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L'église
paroissiale
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Dédiée
à saint Jacques, l'église est un
édifice roman datant sans doute du XIe siècle,
avec un beau portail de marbre blanc et une abside
ornée d'arcatures aveugles et de
lésènes (ou bandes lombardes). A
l'intérieur, plusieurs retables intéressants
dont ceux de saint Côme et saint Damien (XVIe
siècle) et de saint Roch (XVIIe), ainsi qu'une Vierge
romane du XIIIe siècle, originaire d'En.
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Autres
monuments et lieux à visiter
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Le château de Nyer,
construit à la fin du XVe siècle, a
été restauré au XIXe siècle. De
l'ancienne forteresse de la Roca, il ne reste que des
ruines, mais le lieu a conservé une chapelle
dédiée à la Vierge, peut-être
édifiée au XIVe siècle, reconstruite en
1722. Le hameau d'En possède une église romane
du XIIe siècle, dédiée à saint
Just et saint Pasteur, dans laquelle on trouve quelques
vestiges de peintures murales. Quant au mas de Porcinyans,
l'ancienne église dédiée à saint
Assiscle n'y est plus qu'un souvenir, dont il reste un mur
ou deux.
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Les
noms les plus portés en 1841 par ordre
d'importance
Autres
listes de noms
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Pagès, Prats, Py,
Laffont, Marcé, Malart, Pacuill, Pacuil, Brial,
Surjous, Canal, Respaut, Ricart, Gottanegra.
1497 : Nyer : Guillem
Balle, Joan Balle, Johan de Banyuls, Guillem Gasch, Johan
Palol, Perico Pont, Pere Scuder, Peyrot Staró, Ramon
Vives.
1497 : En : Miquel
Bru, en Pallicer, Johan Vives.
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Autres
liens sur le site
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Liens
internet
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Renseignements
complémentaires
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Des seigneurs
turbulents
Nous avons
évoqué plus haut la famille de Banyuls, qui
entre en possession de la seigneurie de Nyer au XIVe
siècle, sans doute en 1378.A la fin du XVIe
siècle, cette famille fait beaucoup parler d'elle,
mais pas forcément en bien. C'est en effet
l'époque de luttes violentes entre bandes
armées du Haut Conflent (les nyerros) et du Bas
Conflent (les cadells). Thomas de Banyuls, seigneur de Nyer
depuis au moins 1577, semble avoir pris la tête de la
bande des nyerros, et ses exactions sont souvent violentes.
On le trouve en 1580 assiégeant le village de
Catllà, où s'étaient
réfugiés ses ennemis Garau et Joan de
Llupià. Il faut l'intervention de troupes royales
venues de Perpignan pour mettre les nyerros en
déroute. Traqué, Thomas de Banyuls se
réfugie à Olette, puis à la Bastide, et
oppose une vive résistance, apparemment avec l'aide
de soldats huguenots venus de France. Il est cependant
amnistié en 1581, mais condamné à un
semi-exil, puisqu'il doit rejoindre en Italie les
armées du roi.
Les gens de Nyer sont
d'ailleurs à l'image de leur seigneur, et ils font
à nouveau parler d'eux en 1592, puisqu'une troupe de
seize "lladres o bandolers" vient à Olette pour y
assassiner un jeune habitant du village, avec semble-t-il
une grande sauvagerie.
La famille de Banyuls fait
à nouveau parler d'elle dans la période qui
précède et qui suit l'annexion du Roussillon
à la France. Son instinct guerrier se
réveille. D'abord, en 1642, Thomas de Banyuls
(petit-fils du précédent), s'engage dans le
parti des Catalans en lutte contre le roi d'Espagne, avec le
soutien de la France. Mais en 1652, alors que les troupes
françaises assiègent Villefranche, il se
retourne contre elles, ce qui lui vaudra de voir ses biens
confisqués en 1653. Après le traité des
Pyrénées, sa famille récupère la
seigneurie dans son intégralité. On retrouve
pourtant un Banyuls (Carlos, frère de François
de Banyuls qui servait dans l'armée française)
dans le complot anti-français de Villefranche, en
1674 : résultat, nouvelle confiscation de la
seigneurie, qui ne sort cependant pas de la famille,
puisqu'elle est attribuée à la femme de
Carlos, qui prend alors le titre de marquise de
Montferrer.
Au XVIIIe siècle, la
situation se gâte entre les seigneurs du village et
les habitants. En tout cas, en 1791, le dernier seigneur
prend la fuite, ses biens étant ensuite
confisqués et vendus. Quant aux habitants, ils
paraissent avoir conservé un certain goût pour
la violence et les "bandosités". Il semble qu'on
retrouve plusieurs d'entre eux en 1785 parmi une bande de
contrebandiers qui met en déroute un peloton de
douaniers.
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