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L'église
de Planès
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Superficie
et situation géographique
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Planès est une
commune de 1404 hectares, située à la limite
du Conflent et de la Cerdagne, ce qui fait que, selon les
auteurs et les époques, on la trouve située
tantôt dans le Haut-Conflent, tantôt en Cerdagne
! Je préfère pour ma part la seconde solution,
confirmée historiquement par l'appartenance de
Planès à la viguerie de Puigcerdà (mais
la paroisse dépendait de l'évêché
d'Elne !).
Losqu'on est au village de
Planès (un peu plus de 1500 mètres
d'altitude), on ne voit qu'une infime partie du territoire
de la commune, qui s'étend vers le sud jusqu'à
la Tour d'Eyne (2830 m.), pas très loin de la
frontière. Au nord, c'est le pont Gisclard (où
passe le train jaune) et la Tet qui servent de limite
à Planès.
Une bonne partie du
territoire, du sud vers le nord, est traversée par la
rivière de Planès, qui prend sa source
à l'étang du même nom. A noter que
l'agglomération est divisée en quatre petits
noyaux : le Castell (mais il ne reste rien du château
évoqué par ce toponyme), le Cascaroll, le
Barri del Mig et le hameau de Dellà.
Communes limitrophes : Eyne,
St Pierre dels Forcats, La Cabanasse, Sauto,
Fontpédrouse.
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Première
mention historique et origine du nom
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Le nom n'apparaît que
tardivement (1011 sous la forme Planezes selon L. Basseda,
1282 sous la forme Planedis selon P. Ponsich). Il signifie
mot à mot "les petits plateaux", ce qui correspond
d'ailleurs fort bien à la constitution du village,
fait de plusieurs entités distinctes situées
chacune sur son petit plateau (latin planum = plateau +
suffixe diminutif -itias).
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Les
recensements
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1999
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1990
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1982
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1901
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1836
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27
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33
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42
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171
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169
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Bref
aperçu historique
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Si le nom de la commune
apparaît si tardivement dans les textes, c'est
qu'auparavant elle n'existait sans doute pas, faisant partie
de la paroisse de Sant-Pere dels Forcats.
Nous n'avons que très
peu de renseignements sur Planès au moyen âge,
peut-être parce que le lieu dépendait de la
viguerie de Puigcerdà. Il semble que son territoire
faisait partie du domaine royal. A l'époque moderne,
ça ne s'arrange guère, c'est tout juste si on
peut supposer que Planès, comme St Pere dels Forcats,
devait dépendre de l'abbaye de Cuixà. Outre
l'appartenance à la viguerie de Puigcerdà, il
faut signaler l'existence de plusieurs lieux homonymes, ce
qui semble avoir compliqué la tâche des
chercheurs. Bref, toute l'histoire de Planès reste
à faire !
La commune n'a jamais
été très peuplée, le maximum
étant atteint en 1886 avec 208 habitants, vivant
essentiellement de l'élevage et d'une peu de
céréaliculture. Puis commence l'exode rural,
qui devient catastrophique pour la commune après la
première guerre mondiale (100 habitants en 1926) et
surtout après la seconde (70 en 1946). Les choses ne
sont pas arrangées par la suite, le chiffre le plus
bas étant atteint au dernier recensement (27
habitants avant d'éventuelles
corrections).
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L'église
paroissiale
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C'est un édifice
unique, qui suscite l'étonnement des visiteurs depuis
des siècles, tant le plan de sa construction est
étonnant : un plan circulaire, avec une coupole qui
repose sur trois massifs de maçonnerie situés
aux angles d'un triangle équilatéral et
réunis par trois arcades ouvrant sur trois
absidioles. Malgré les nombreuses discussions et le
manque de textes, l'édifice semble dater du XIe
siècle. Nous revenons plus bas sur son plan assez
singulier.
L'église est
dédiée à N.D de la Merci. Le mobilier
est évidemment moins passionnant que l'architecture,
mais il faut signaler la présence d'une Vierge en
bois polychrome du XIIe ou du XIIIe siècle. Cette
Vierge, selon une légende très
fréquente dans toute l'Europe, aurait
été cachée au moment de l'invasion
musulmane, puis retrouvée par un taureau
auprès d'une source.
Les pentures de la porte
dateraient du XVe siècle.
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Autres
monuments et lieux à visiter
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L'église suffisant
à notre bonheur, il n'y a pas d'autres monuments
à visiter. Par contre, plusieurs sentiers de
promenade ou de randonnée permettent de mieux
découvrir le territoire de la commune (syndicat
d'initiative près de l'église). Et puis
l'hiver, il y a la neige !
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Les noms
les plus portés en 1841 par ordre
d'importance
Autres
listes de noms
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Blanque, Anoll, Maurat,
Benezet, Gaillarde, Vergès, Basso, Bergès,
Briant, Estoubé, Tressens.
1497 : Bofill,
Christòfol, Duidó, Pardinella.
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Autres
liens sur le site
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Plan
de l'église de Planès
(Bulletin de la
S.A.S.L des P-O, 1895)
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Liens
internet
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Renseignements
complémentaires
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Une mosquée
à Planès
Non, je ne suis pas devenu
fou (ou du moins je ne m'en suis pas rendu compte), mais
c'est en ces termes que les spécialistes du XIXe
siècle évoquaient le problème de
l'église de Planès et de son architecture
insolite. Ils ne faisaient en cela que reprendre la
tradition populaire, qui avait baptisé
l'édifice "la Mesquita" (la mosquée). Chacun a
contribué à renforcer le mythe, notamment
François Jaubert de Passà, ami de Prosper
Mérimée. Mais le plus farfelu de tous fut sans
doute l'historien Henry, qui n'hésira pas à
émettre l'hypothèse suivante : l'église
de Planès est un tombeau, élevé par
Lampégie, fille d'Eudes, duc d'Aquitaine, à la
mémoire de son mari Munuzza, tué à
Planès par les soldats de l'émir
Abd-Errhamann-Ben-Abdallah. Voici l'histoire :
Le duc Eudes d'Aquitaine,
voulant mettre un terme aux incursions continuelles que
faisaient les Sarrazins sur son territoire, donna en mariage
sa fille, Lampégie, à leur chef Munuzza, dont
elle était la prisonnière. Mais Abd-Errahmann,
l'émir d'Espagne, ne l'entendit pas de cette oreille,
et il envoya une armée afin de mettre à la
raison ce musulman qui pactisait avec les chrétiens.
Munuzza, qui vivait paraît-il au château de
Llivià, dut s'enfuir dans la montagne, à
Planès évidemment, et là les
méchants musulmans le rejoignirent et le
massacrèrent. Quelques années plus tard, la
douce Lampégie fit construire pour lui un tombeau
(l'église de Planès), avant d'être
envoyée au harem du calife de Damas.
Essayons de reprendre notre
sérieux. L'église de Planès est
visiblement une oeuvre romane, de construction assez
maladroite, mais qui semble respecter certains symboles
essentiellement chrétiens : d'abord la
rotondité, liée depuis les premiers
siècles après J.C au culte de la Vierge ;
ensuite, évidemment, la Trinité, parfaitement
reproduite par l'image trifoliée que donne
l'édifice. Son plan est certes unique en Roussillon
(en Cerdagne pour être plus précis), mais
plusieurs églises européennes ont plus ou
moins le même. En fait, une seule énigme
demeure : qui a eu l'idée de construire une telle
église à Planès, et à quel
siècle ?
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