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Vue
générale de Rigarda.
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- Croix
processionnelle :
- le
pélican (détail)
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Superficie
et situation géographique
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Rigarda est une petite
commune de 360 hectares située juste au sud de
Vinça, sur la rive gauche de la rivière de
Glorianes (ou rivière de Rigarda). Nous sommes en
Bas-Conflent, plus précisément dans l'ancienne
"baronnie de Joch" composée d'un ensemble de
pittoresques petits villages.
Juste avant d'arriver au
village, à l'endroit où la rivière
forme un coude, on distingue l'étendue de la
vallée de Motzanes, qui se prolonge jusqu'au col de
Ternère. Devant nos yeux, l'ancienne église
romane de Vilella, et dans le lointain, sur une colline,
l'ermitage de Domanova. Cette vallée est
traditionnellement dédiée à la culture
de la vigne.
Si l'on monte au-dessus du
village, le paysage offre des contrastes saisissants :
à l'ouest la plaine de Joch, avec ses champs de
pêchers à perte de vue ; au nord Vinça
et les maisons éparpillées au bord de la route
; à l'est la vallée de Motzanes et ses vignes
; au sud le maquis touffu de chênes verts qui monte
vers Glorianes et le massif des Aspres.
Communes limitrophes :
Glorianes, Joch, Vinça, Rodès.
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Première
mention historique et origine du nom
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Première mention en
969 sous la forme Rivo Gardano, mot à mot "gardien de
la rivière". Cependant, cette forme est unique, et
elle pourrait bien être due à une fausse
latinisation. Par la suite, on trouve Rigerdano, puis
Rigardano et enfin Rigardà (XIVe
siècle).
Généralement,
on considère donc que la première forme est
erronée, et on préfère faire
dériver Rigardà du nom de personne d'origine
germanique Ricard (ric = puissant + hard = dur). La finale
-à correspond au suffixe latin -anum, servant
à former des noms de domaines.
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Les
recensements
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1999
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1990
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1982
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1901
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1836
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219
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164
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144
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330
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334
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Bref
aperçu historique
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Peu de vestiges
préhistoriques à Rigarda, sinon une grande
hache polie du néolithique trouvée dans une
vigne à Vilella. Par contre, les vestiges de la
colonisation romaine sont plus nombreux, notamment autour de
l'église de Vilella (fragments d'amphores, et surtout
morceaux de tuyères en terre cuite, qui semblent
attester la présence de forges rudimentaires
destinées à la fusion du minerai de fer,
présence confirmée par de nombreuses
scories).
C'est certainement à
Vilella, autour de l'église romane et à
proximité d'une voie romaine, que s'est
édifié le premier village. Mais, sur une
éminence (sans doute au sommet de l'actuel lieu-dit
La Costa), se trouvait une fortification dont il ne reste
aujourd'hui aucune trace. C'est en contrebas de cette
fortification, appelée autrefois la Torre, que le
village s'est peu à peu développé. Le
territoire était divisé au début du XVe
siècle entre de nombreux seigneurs, chacun ayant son
propre représentant (le batlle) : le plus important
d'entre eux semble être la famille de Perellos, dont
les biens passent ensuite à Simonette de Poitiers,
puis en 1463 à la famille de Perapertusa, qui restera
maîtresse de Rigarda jusqu'à la
Révolution. Parmi les autres seigneurs
mentionnés en 1437, il y avait aussi les
prieurés de Serrabona et de Marcevol, ainsi que
l'ordre des Hospitaliers, dont la commanderie se situait
à Bajoles, entre Perpignan et
Château-Roussillon.
Les Perepertusa
régnaient sur une vicomté (la baronnie de
Joch), qui regroupait les territoires de Joch, Rigarda,
Finestret, Rodès, Rabouillet ainsi que quelques
autres lieux du Fenouillèdes. Pour le plaisir,
signalons que le dernier vicomte de Joch et seigneur de
Rigarda s'appelait Pedro Pablo Abarca de Bolea Ximenes de
Urrea, Pons de Mendoza Bournoville Perapertusa Erill et
Orcàu, comte d'Aranda, vicomte de Joch, baron de
Rabolhet, grand d'Espagne de première classe,
chevalier des ordres du roi et de celui de la Toison d'or,
capitaine général des armées de S.M
Catholique, son ambassadeur en France, marquis de Rupit.
C'est tout !
Le XIXe siècle est
à Rigarda une période relativement calme,
malgré une certaine agitation carliste. Notons
cependant en 1876 un violent conflit entre l'instituteur et
le curé, mais qui n'a rien de politique :
l'abbé Gary, grand coureur de jupons, poursuivait de
ses assiduités la femme de l'instituteur, au point
que celle-ci avait dû le souffleter.
Tout au long du XIXe
siècle, on note une grande stabilité de la
population (un peu plus de 300 habitants à chaque
recensement). C'est après la première guerre
que commence la dépopulation. On était
tombé à 135 habitants en 1975, mais, depuis,
tout ce qui pouvait être construit sur le territoire
de la commune a été construit, et les derniers
recensements montrent un certain regain.
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L'église
paroissiale
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Elle est
dédiée à sainte
Eulalie. Elle fut
construite au XVIIe siècle, afin de permettre aux
villageois d'assister enfin à la messe sans avoir
à parcourir plusieurs centaines de mètres pour
se rendre jusqu'à Vilella. La nouvelle église
a été bénie en 1644. Parmi les
éléments empruntés à
l'église de Vilella, on notera le portail et un
bénitier tous deux en marbre, une cuve baptismale en
pierre d'Agde, et surtout le superbe retable gothique
consacré aux saintes Eulalie et Julie, oeuvre de la
fin du XVe siècle attribuée au maître
d'Olot. Plusieurs panneaux y montrent les étapes du
supplice des deux jeunes filles, en particulier l'ablation
des seins.
Le retable du
maître-autel provient de l'abbaye de Cuixà et a
été exécuté au début du
XVIIe siècle. Les statues sont en terre cuite, ainsi
que les scènes du soubassement. Notons enfin le
retable du Rosaire, dû à la piété
du docteur Llot (voir plus bas le menu du repas offert pour
la consécration du retable et de sa chapelle)., une
jolie cadireta de la Vierge, un reliquaire et une
exceptionnelle croix processionnelle du XIVe
siècle.
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Autres
monuments et lieux à visiter
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Le village possède
d'intéressantes maisons anciennes, dont beaucoup ont
conservé un four à pain dont le renflement
déborde au-dessus de la rue. Il faut surtout se
rendre à Vilella, où se trouve l'ancienne
église romane, en partie restaurée par des
particuliers. L'édifice fut construit dans la seconde
moitié du XIIe siècle, en remplacement d'une
église préromane dont il ne reste aucune
trace. On pourra continuer (à pied ou en voiture) la
promenade jusqu'à l'église de Domanova, en
passant par la vallée de Motzanes.
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Les noms
les plus portés en 1841 par ordre
d'importance
Autres
listes de noms
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Prats, Laguerre, Llonguet,
Pujol, Baux, Nuixa, Garrigue, Ixart, Badie, Doutres,
Espagno, Mestres.
1497 : Alzina, Bossom,
Codolet, Cornellà, Coromines, de Deu, Ferrer, Issern,
Pallarès, Patau, Steva, Texidor.
1417 : Amich, Berenger,
Boshom (alias Pallares), Cellers, Colomines, Esteve, Fabre,
Ferrer, Gallarda, Giscaffré, Isern (alias Tixedor),
Juher (alias Font), Lugols (alias Aybri), Moner, Nogerol,
Pujol (alias Tixedor), Raffart, Salvetat, de
Valells.
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Autres
liens sur le site
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Liens
internet
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Renseignements
complémentaires
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Un festin à
Rigarda en 1647
En 1647, le docteur Llot,
l'homme le plus puissant du village, avait
décidé d'organiser chez lui un grand festin
pour soixante convives, afin de célébrer
dignement la bénédiction de la chapelle du
Rosaire, construite dans la nouvelle église de
Rigarda. Voici le menu du festin, dans une traduction faite
par l'abbé Torreilles (Bulletin de la S.A.S.L des
P-O, 1899), auquel nous n'ajouterons aucun commentaire, si
ce n'est pour souligner l'étonnant mélange
salé-sucré dans les entrées et dans les
desserts :
Les entrées
:
- 4 plats de grosses
cerises fraîches à la glace (guindas frescas
ab neu).
- 4 plats d'amandes
pelées au sucre et à l'eau de
rose.
- 4 plats de viande
salée avec du sucre.
- 4 plats de poules au sel
et au piment, quatre dans chaque plat.
- 4 plats de foie
d'agneau, six dans chaque plat.
- 4 plats de cuissots et
d'épaules d'agneau entrelardés à la
française.
- 4 plats d'abattis de
pieds et d'ailes de poules et de poulets.
- 4 plats de morceaux de
poulets en fricassée.
Les plats chauds :
- 4 plats de pigeons
à l'étouffée et cuits avec du vin
blanc, six dans chaque plat.
- 4 plats de cochons de
lait, chacun dans son plat et très
gros.
- 4 plats de perdrix,
quatre dans chaque plat.
- 4 plats de poules
rôties, quatre dans chaque plat.
- 4 plats de chapons
rôtis, quatre dans chaque plat.
- 4 plats de viande
rôtie coupée ou gigot de mouton.
- 4 plats d'agneau
à la casserole.
- 4 plats de
vermicelle.
- 4 plats de bouilli avec
de grands morceaux de lard au milieu.
Les desserts (ou au
sortir de table, aixint de taula) :
- 4 plats de cerises
communes.
- 4 plats d'olives
salées.
- 4 plats de
pommes.
- 4 plats de fromage frais
sans sel.
- 4 plats de fromage de
brebis au lait (brossat), un dans chaque
plat.
- 4 plats du même,
mais sec, la moitié dans chaque plat.
- 4 plats de
piments.
- 2 bassins d'anis
entouré de sucre.
- 2 bassins de
dragées pour adoucir les dents (dragées
fondantes).
- 2 bassins de diverses
confitures au sucre.
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