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- Tour
et chapelle de la maison Vilar
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Superficie
et situation géographique
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Thuir est une commune de
1988 hectares située dans la plaine du Roussillon,
à proximité des premiers contreforts des
Aspres. Même s'il n'est traversé par aucune
rivière, son territoire profite depuis le Moyen
Âge d'un système d'irrigation remarquable, avec
le canal de Perpignan au nord et celui de Thuir plus au sud.
Autant dire que l'agriculture y a toujours été
très riche. Les champs d'autrefois ont
été transformés en vergers, tandis que
les terres moins bien irriguées sont
consacrées à la vigne. La ville de Thuir s'est
considérablement développée pendant la
seconde moitié du XXe siècle, gagnant
notamment les hauteurs proches de Castelnou et de
Sainte-Colombe. De nombreux mas occupent presque tout le
territoire. A noter enfin la zone humide de la Prada,
à l'est de la commune.
Communes limitrophes :
Sainte-Colombe-de-la-Commanderie, Terrats, Llupia,
Ponteilla, Canohès, Toulouges, Le Soler,
Saint-Feliu-d'Avall, Saint-Feliu-d'Amont,
Castelnou.
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Première
mention historique et origine du nom
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Difficile de connaître
la signification du toponyme, car les premières
mentions sont assez contradictoires : Tecorium en
953, puis Tugurium en 960, mais Tuvorium,
Tuvarium en 968. La graphie Tuir est
attestée dès 957, elle deviendra selon les
époques Thuir (1191), Toyr (1252),
Tohir (1354), Tuhir (vers 1375), Thoir
(1430), Tuyr (1628), Tuhi (1718, graphie
conforme à la prononciation, traditionnelle,
où le -r final est muet). La forme actuelle,
même si elle est attestée dès le Moyen
Âge, ne s'impose vraiment qu'au XIXe
siècle.
Certains ont voulu voir dans
Thuir un sol riche en tuf (latin tofus), mais
aujourd'hui on s'accorde pour rattacher le nom au latin
tugurium (= cabane), confirmé par les graphies
les plus anciennes.
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Les
recensements
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Année
:
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1999
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1990
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1982
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1901
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1836
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Habitants :
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7329
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6661
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6356
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3114
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2483
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Bref
aperçu historique
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Quelques vestiges d'une
occupation du territoire à l'époque
gallo-romaine ont été découverts aux
lieux-dits el Vinyer del Rey et Les Momies. Un
bon nombre de ces vestiges a certainement disparu au fil des
siècles à cause de la mise en culture de
toutes les terres de la plaine.
Le premier texte connu (953)
évoque une vente faite par un nommé Eldebrand
au monastère de Cuixà. Dès la fin du Xe
siècle, la ville appartenait aux comtes de
Besalù, et deviendra par la suite ville royale. Mais,
à diverses reprises, les rois d'Aragon vendront Thuir
à des seigneurs particuliers, au grand dam des
habitants, pour qui le statut de ville royale était
synonyme d'exemption de nombreuses taxes et de
privilèges divers, notamment ceux liés au
canal royal de Thuir. Les habitants auront d'ailleurs gain
de cause et, à partir de 1431, plus jamais les rois
d'Aragon n'aliéneront leurs droits sur Thuir. Avec la
conquête française (1659), tout change : Louis
XIV attribue au marquis d'Aguilar un fief composé des
paroisses de Thuir et Toulouges (1667). Mais lui aussi se
heurte à la colère des habitants, et le
marquis d'Aguilar renonce à Thuir. La ville sera
à nouveau vendue en 1698, mais à ses propres
consuls qui en devinrent "seigneurs engagistes". Enfin, en
1776, la seigneurie de Thuir fut acquise par Jean Coll de
Ribes, qui la conserva jusqu'à la
Révolution.
La ville, fortifiée
à la fin du XIIIe siècle (une première
enceinte appelée aussi "cellera" entourait
déjà l'église et un château), eut
à subir de nombreux assauts au fil des siècles
et fut pillée tantôt par les Français,
tantôt par les Espagnols. Outre l'agriculture
déjà évoquée plus haut, elle a
toujours connu un important artisanat, avec une
particularité locale, la poterie (fabrication de
cruches et de cossis,
sortes de lessiveuses placées dans la cuisine
à proximité du foyer). La population
atteignait 2483 habitants en 1836, et n'a cessé de se
développer par la suite. Son essor est d'abord
lié à celui de la maison Violet (caves Byrrh)
et, dans la seconde moitié du XXe siècle,
à la politique de son maire, Léon-Jean
Grégory, qui sut faire profiter Thuir de son statut
de président du Conseil général en
implantant dans la ville un centre hospitalier
spécialisé (C.H.S.R.), la subdivision de
l'E.D.F, la Bibliothèque départementale,
l'U.D.S.I.S.T., sans compter de nombreuses entreprises
privées. Au dernier recensement (1999), la population
de Thuir atteignait le chiffre de 7329 habitants (en hausse
par rapport à 1990), preuve que la dynamique ne s'est
pas interrompue.
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L'église
paroissiale
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Thuir présente
l'originalité d'avoir voulu construire sa nouvelle
église paroissiale à la fin du XVIIIe
siècle, juste avant la Révolution. Autant dire
que l'édifice mit longtemps avant d'être
achevé : si la première pierre a
été posée en 1785, il faudra attendre
le mois d'octobre 1816 pour y voir célébrer la
première messe. Pour la construction de cet
édifice placé sous le vocable de Notre-Dame de
la Victoire, on a réutilisé les pierres de
l'ancienne église, dédiée à
saint Pierre (première mention en 957). Ce qui frappe
dans le nouvel édifice, c'est son côté
massif, à l'image du large fronton auquel on
accède par des escaliers montant de la place Gabriel
Péri. A l'intérieur, une vaste nef en
plein-cintre, soutenue par cinq arcs doubleaux, conduit
à un chevet semi-circulaire, comme le sont aussi les
absidioles des deux chapelles latérales
situées devant le choeur et formant un transept. Pour
le reste, c'est la disposition traditionnelle des
églises roussillonnaises construites à partir
du XVIIe siècle, avec la présence de chapelles
latérales.
L'ensemble du mobilier
n'offre pas la richesse que l'on peut rencontrer dans
d'autres églises, notamment en Conflent. Si l'on
excepte un Christ descendu de croix datable du XVe
siècle, on s'intéressera surtout au choeur,
avec son curieux retable (début du XIXe
siècle) au milieu duquel trône en principe la
statue de la Vierge (voir plus bas). Le camaril de la Vierge
est orné d'un panneau sculpté (l'Adoration des
bergers) attribuable à l'atelier de Josep Sunyer. A
l'avant du retable, deux grandes statues de sainte Anne et
saint Joachim, les parents de la Vierge, portent des habits
de toile empesée. A noter, dans la sacristie,
quelques belles pièces d'orfèvrerie, un
ex-voto de 1756 et les fragments d'une chasuble de soie
orientale, destinée à habiller la statue de la
Vierge dès le Moyen-Âge.
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Autres
monuments et lieux à visiter
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Thuir a conservé une
bonne partie de ses fortifications construites à
partir de 1286. Une promenade autour de la vieille ville
permettra de découvrir remparts, tours et portes
médiévales (on comptait autrefois au moins
cinq portes et vingt tours). Deux musées à
visiter : le musée Nature et Chasse (en face des
caves Byrrh), et le musée des Arts et Traditions
populaires (à l'angle de la place de la Mairie). Bien
entendu on ne peut manquer la visite des caves Byrrh, avec
la plus grande cuve en chêne du monde. A noter aussi,
parmi les bâtiments religieux, la chapelle
Saint-Sébastien, de tradition romane, au
départ de l'ancienne route d'Elne, et la chapelle de
la Pietat (XVe siècle), au rond-point de la route de
Perpignan. Une plus petite chapelle, de style
néo-gothique et dédiée à saint
Jean, se trouve à l'angle de la place de la Mairie.
En s'éloignant de la ville, on pourra suivre la route
de Toulouges pour aller jusqu'à l'ancienne
ferme-école de Germainville, créée en
1849. Précisons que toute l'année de
nombreuses activités festives et culturelles se
déroulent à Thuir.
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Les
noms les plus portés en 1841 par ordre
d'importance
Autres
listes de noms
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Camo, Ros, Quinta, Coste,
Salamo, Romeu, Pomarède, Dedies, Roca, Lavaill,
Fabresse, Gauze, Ribère, Vicens, Sabarthès,
Calvet, Campdoras, Balène, Bareill, Batlle, Nicolau,
Tignères.
1385
: chefs de famille à Thuir.
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Autres
liens sur le site
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- Histoire
de la maison Violet (Byrrh)
- L'école
à Thuir du XVIIe siècle à nos
jours
- La
criminalité à Thuir au XVIIIe
siècle
- Cartes
postales anciennes : Thuir 1
- Cartes
postales anciennes : dans les rues de
Thuir
- Publicités
anciennes de Byrrh
- Cartes
postales anciennes : les établissements
Violet
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Liens
internet
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- Site
internet de la ville de
Thuir (en
construction).
- Autre
site de la ville de Thuir
- L'office
du tourisme
- Les
caves Byrrh
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La
Vierge de Thuir

Cliché Roger
Justafré, reproduction interdite
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La principale richesse de
l'église est une statue de la Vierge à
l'Enfant. Cette statue, haute de 50 cm et datant sans doute
de la fin du XIIe siècle, présente
l'originalité d'être en plomb et d'avoir
été façonnée dans un moule.
Autant dire qu'elle n'est pas un exemplaire unique, et en
effet on retrouve des statues identiques dans le Massif
Central et en Catalogne du Sud. En comptant la Vierge de
Thuir, ce sont en tout cinq statues
répertoriées qui paraissent sorties du
même moule. Il y a cependant des différences de
présentation entre les différents exemplaires
: notre Vierge de Thuir est couronnée (sa couronne
ornée de crochets et de perles est surmontée
d'une sorte de boule), ce qui semble une allusion à
son appellation de "Notre-Dame de la Victoire" et à
une légende qui nous ramène au temps de
Charlemagne. Les premières relations de cette
légende datent du XVIIe siècle, et on peut la
résumer ainsi :
Charlemagne, prêt
à marcher contre les Sarrasins, se trouvait dans la
plaine de Thuir, et il avait placé la statue de la
Vierge au milieu de son armée (on remarquera
l'anachronisme fréquent dans ce type de
légende). L'ennemi se trouve sur les hauteurs de
Passa ; il contemple les Francs épuisés par la
chaleur et par la soif, désespérés,
laissant l'un après l'autre tomber leurs armes.
Semblable à Moïse, l'empereur est sur le point
d'être abandonné par ses troupes lorsqu'il se
décide à invoquer la Vierge et à
plonger son épée dans le sable d'un torrent
desséché : aussitôt jaillit une source
abondante qui redonne des forces aux soldats francs. Une
fois désaltérés, ces derniers n'auront
aucun mal à chasser l'ennemi au-delà des
montagnes. Aussitôt après la bataille, Charles
décide de fonder sur le lieu du miracle un
monastère qu'on appellera plus tard le Monestir del
Camp. Par la suite, les Sarrasins ayant de nouveau envahi
les terres chrétiennes, la statue sera cachée
jusqu'à ce qu'un berger à la recherche d'une
bête égarée la découvre dans un
bois épais, sur l'emplacement de l'actuelle ville de
Thuir qui n'existait pas encore. En hommage à cette
Vierge miraculeuse, on bâtit une chapelle au milieu du
bois, et peu à peu les habitants de l'ancien village
de Thuir viendront bâtir leurs maisons auprès
de la chapelle, sous la protection de la Vierge.
Cette idée de
victoire associée à notre Vierge sera
renforcée par la bataille de Lépante (1571),
au cours de laquelle Philippe II aurait vaincu les
Infidèles grâce au chapelet du Rosaire dont il
faisait un usage fréquent. Voilà pourquoi,
comme le souligne fort justement l'abbé Cazes,
dès le XVIIe siècle la fête de N.D de la
Victoire était célébrée le 7
octobre, jour-anniversaire de la bataille de Lépante.
La Vierge de Thuir
était l'objet d'un culte très important, et
lors des cérémonies on ne manquait pas de la
recouvrir de vêtements et de pierreries: un
prêtre élu chaque année avait même
pour mission de l'habiller et de la déshabiller. Au
milieu du XVIIIe siècle, les ornements qui lui
étaient destinés étaient le suivants :
deux couronnes, l'une en argent, l'autre en vermeil (il y
avait aussi deux couronnes plus petites pour l'Enfant
Jésus), un calice et son plat en vermeil, des
chapelets bleus sertis d'argent, un bracelet avec des
pendentifs en or, un diamant, d'autres bracelets, sans
oublier "la reliquia de Nostra Senyora, dita la cajeta, ab
sa capsa de plata". On peut aussi penser que l'ancien
manteau de soie de provenance orientale, dont
l'église de Thuir a conservé quelques
fragments, lui était destiné.
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